OIM, Aware Migrants
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OIM, Aware Migrants

Discours, panel, prix pour des productions de presse et récits d’écoliers. C’était le menu de la soirée organisée, le vendredi 10 mars 2023 à Nouakchott, par l’Organisation Internationale pour les Migrations.

Des prix sur les questions migratoires

Une nouvelle manière de parler de la migration

Elèves, parents, responsables d’établissements scolaires, communautés migrantes en Mauritanie et responsables de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) ainsi que des personnalités et partenaires du Gouvernement italien ont assisté vendredi 10 mars 2023 à la cérémonie de remise des prix sur les meilleures productions d’articles de presse et de récits d’écoliers sur la migration.

Discours pour des horizons complémentaires

A l’entame, Chiara Imagliazzo, représentante du Ministère italien de l’Intérieur, bailleur du projet « Aware Migrants » et Boubacar Seybou, Chef de mission de l’OIM en Mauritanie, ont échangé des discours cordiaux sur l’évènement. La déléguée italienne a dit son plaisir d’être là, ainsi que son appréciation du travail accompli. Travail qu’elle a eu le loisir d’observer, à travers ses visites chez des partenaires, depuis son arrivée en Mauritanie.

Le Chef de mission a, quant à lui, remercié les acteurs qui ont conduit l’activité. Il a souligné que cette cérémonie entre dans le cadre du projet « Aware Migrants », financé par le Ministère italien de l’Intérieur et mis en œuvre par l’Organisation Internationale pour les Migrations, qui vise à sensibiliser les candidats à la migration sur les dangers liés aux traversées du désert et de la Méditerranée. Que des jours durant, des équipes de l’OIM sous la conduite d’Esmaou Moctar M’Baba et ses collègues, ont mené avec l’association Traversées Mauritanides reconnue pour son expertise, des campagnes de sensibilisation dans plusieurs écoles mauritaniennes. « Il faut aller à la source assez tôt, sur un sujet aussi important et préoccupant que la migration, car celle-ci nourrit des rêves, sans qu’on en mesure souvent les innombrables risques », ont souligné les organisateurs.

Il faut rappeler que « Aware Migrants » est un programme d’informations et de sensibilisation sur ce phénomène mondial de plus en plus préoccupant. Et la Mauritanie constitue, dans ce cadre, un passage pour de nombreux subsahariens.

Le Chef de mission a salué par la suite le travail des journalistes, tout en se félicitant de la forte participation des jeunes écoliers aux ateliers d’écriture dispensés au mois de février. « J’adresse un satisfit total à l’ensemble de la chaîne d’organisation », dit-il en conclusion.

Panel pour voir plus loin

Passés les discours, un panel sur la migration a été animé par Bios Diallo, journaliste et consultant. Autour de la table il y avait Laura Sisniega Chargée de Protection à l’OIM, Professeur Ousmane Wagué Responsable du Master Migration à l’Université de Nouakchott et Cheikh Aïdara, journaliste ayant beaucoup travaillé et suivi des formations sur la migration. Tous ont apporté leurs parts d’expertises sur le sujet, évoqué les difficultés auxquelles peuvent faire face les migrants résidents en Mauritanie ou de passage. Car ce pays, selon les intervenants, est à la fois un lieu de transit et de destination pour beaucoup de migrants. Au cœur des échanges, également, les problèmes liés aux données fiables et au manque d’informations pour les couvertures médiatiques. Conseils, recommandations et pistes seront livrés aussi bien à ceux qui cherchent des informations sur le net qu’aux candidats à l’aventure. De quoi séparer la bonne graine de l’ivraie dans les réseaux sociaux.  

Après ces joutes, qui ont conduit à une meilleure connaissance de la migration, qu’elle soit au Nord ou au Sud, arrive l’autre moment très attendu : la remise de prix à des candidats. Ils concernent des élèves et journalistes ayant participé à des concours organisés par l’OIM. Pour les journalistes, il s’agissait de produire des articles ou des reportages filmés sur la migration. Quant aux élèves, après avoir reçu des visites d’experts de l’OIM dans leurs établissements, ils ont suivi des ateliers d’écriture pendant trois jours. Lors de ces exercices, filles et garçons se sont davantage familiarisés aux questions migratoires, enjeux et avantages. Puis ils ont été initiés par la suite aux techniques d’analyses, de confrontations de données et d’écritures. Une première pour nombre d’entre eux.

Les prix étaient de trois natures : presse écrite, audio-visuel et un dernier de motivation pour les élèves. En tout, cinq lauréats ont été primés et récompensés.  

Presse pour traquer les vies migrantes

Deux prix ont été décernés aux journalistes. Le premier, en presse écrite, a été remporté par Ibou Badiane. Journaliste au journal Tahalil Hebdo et correspondant de divers médias sénégalais, Ibou est primé pour un reportage sur le naufrage d’une pirogue partie de Mbour, au Sénégal, avec à son bord des dizaines de jeunes voulant gagner l’Europe. Par temps de tempête, l’appareil chavire au large des eaux de Nouadhibou en Mauritanie. Il y aura cinq morts, et plusieurs disparus. Ibou a reçu un ordinateur portable, pour… ses futurs textes.                                                                                                    

Le deuxième prix est celui d’un mini documentaire réalisé par Aly Mheimid, journaliste à Radio Mauritanie et maître de cérémonies dans l’évènementiel. Le film traite d’un cas de mariage forcé vécu par une jeune Ivoirienne qui fuit son pays. En traversant le Burkina et le Mali, elle finit par se retrouver en Mauritanie. Même ici, elle continue de subir les pressions de sa famille qui tient à la marier. Un drame loin d’être clos. Avec la camera qui leur est offerte, Aly et ses équipes ont de quoi poursuivre l’œuvre qui promet informations et suspens !

Drapeau pour les filles                                                                                                                                                                               

Des élèves en vedette, le Clou de l’évènement ! Plusieurs parents sont venus soutenir leurs enfants, sans aucune idée sur les résultats. Ce qui donnait à l’ambiance tout son charme. Les élèves, qui ont tissé des liens d’amitié lors des ateliers, exultent de joies aux retrouvailles. Ils se présentent les parents, à leurs nouveaux amis, à leurs camarades d’école et même à certains membres de l’OIM dont ils ont fait connaissance pendant ces journées de visites et coaching. Les enseignants et coaches découvrent également ces nouvelles fréquentations de leurs protégés. De quoi se féliciter, de part et d’autre.

L’assistance retient son souffle, quand le maître de cérémonie reprend le micro pour l’annonce des résultats. On se jette des regards et sourires en coin trahissant des mains moites de stress au milieu de rangées où le silence domine.

Le verdict annonce trois prix sur la vingtaine d’élèves ayant participé au concours « Aware Migrants ». Et les premières places ont toutes été remportées par les filles, qui tiennent le drapeau ! Le premier prix, remis par M. Boubacar Seybou Chef de mission de l’Organisation Internationale pour les Migrations en Mauritanie, revient à Yaye Hawa Diakité, 15 ans, de l’école privée Sahel. Un tonnerre d’applaudissements fend le ciel !

Yaye Hawa a décrit l’émoi d’une femme candidate à un statut de réfugiée. Dans les bureaux de l’institution en charge d’examiner sa demande, on sent la fébrilité de la situation, les interrogations et la recherche des propos justes. L’écriture a convaincu le jury : « Son récit, dit Bios Diallo l’animateur des ateliers d’écriture, est nourri d’un très fort imaginaire. L’esprit est créatif, le texte informé, et on y adhère dès les premières lignes ! »

Les deux autres prix sont revenus respectivement à Fatimata Kelly, 16 ans, de l’école privée Cheikh Moussa et à Noura Ahmed, 15 ans, du lycée public Excellence 4 de Nouakchott. Les trophées ont été remis par Mme Chiara Imagliazzo du Ministère italien de l’Intérieur et par Mme Hawa Dia Directrice Générale de l’Enseignement au Ministère de l’Education Nationale et de la Réforme du Système Educatif. Les lauréates ont reçu chacune une tablette. « En cette année d’Ecole républicaine, nous sommes heureux de voir que des filles se distinguent d’une si belle manière », commente la Directrice.

La cérémonie, dans une belle ambiance, s’est achevée par un cocktail et de nombreux échanges de contacts entre participants et visiteurs. A l’issue de l’activité, beaucoup disent qu’ils ne verront plus la question migratoire sous le même angle qu’avant ! Succès, non ?  

Cheikh Aïdara