Aristide Briand, mémoire de laïcité
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Aristide Briand, mémoire de laïcité

Aristide Briand, né le 28 mars 1862 à Nantes et mort le 7 mars 1932 à Paris, avocat et un homme politique français a joué un rôle essentiel dans les relations internationales après la Première Guerre mondiale. Il a été par ailleurs l'initiateur et le rapporteur de la loi de séparation des Églises et de l'État adoptée en 1905, codifiant ainsi la laïcité en France. Sa mémoire s’invite à nous en ces temps de violences, par El Hannachi Ibtissame enseignante à l'école marocaine des sciences de l'ingénieur et chercheur au laboratoire Langage et société à la Faculté des langues, lettres et arts/Université Ibn Tofail du Maroc.        

Briand commence sa vie politique en tant que député novice, un avocat militant, élu rapporteur de la Commission parlementaire créée pour préparer un projet de loi de séparation des Eglises et de l’Etat auquel personne ne prédit un grand avenir, tant l’Eglise est présente dans la conception de l’entreprise gouvernementale, et dans la mémoire des citoyens pour ne pas dire « le cœur ». Le monde catholique en rejette violemment l’idée, tandis que les républicains l’acceptent prudemment sans se montrer enthousiastes.

Briand, avec son éternel mégot, intègre les rangs des socialistes, et défend la voix des républicains contre l’Eglise qui se met en boule de peur qu’elle perde le financement de l’État, et le pouvoir absolu qu’elle exerce depuis des siècles.

À l’Assemblée nationale, deux années de bataille entre les membres qui sont favorables à la séparation, à savoir dix-sept et seize représentants qui renoncent violement  à l’idée en mettant en valeur les faveurs de l’Eglise. Après cinquante séances de travail approfondi, le Conciliateur avec son bout de cigarette amadoue ceux qui sont à l’opposée et ravigote la volonté des membres de l’Assemblée qui sont pour la loi 1905, en évoquant tous les malheurs que le monde occidental a vécu pendant des siècles, les paysans qui ont subi des tortures terrifiantes pendant le moyen âge ( la chaise de Juda, la manivelle intestinale, la cage de fer, l’empalement….). Oui, toutes ces formes d’affliction et de douleur ne faisaient qu’alimenter la haine dans le cœur de Brian et de ses adjuvants.

Le moment de la confrontation s’approche et Briand avance assurément vers la liberté des consciences, la science et le développement intellectuel. Il reste maintenant d’entamer le débat en public qui commence le 21 mars, et qui va durer plus de trois mois. Briand le sait, sa marge de manœuvre est étroite, car la majorité du "bloc des gauches" est bornée en termes de débat autour de la confession religieuse et de la place que représente celle-ci dans l’histoire de France.

Le Rapporteur n’a pas le choix. Il est au sommet de la réalisation de son projet qui révolutionnerait le monde. Il ne reste qu’à jouer cartes sur table : "Il y a des curés dans l’Eglise catholique, il y a aussi des évêques, il y a même un pape. Que voulez-vous ? Ce sont des mots qui peuvent écorcher les lèvres de certains d’entre vous, mais ils correspondent à des réalités",  dit-il. "Vous voulez faire une loi braquée sur l’Eglise comme un revolver ? Ne sentez-vous pas qu’elle sera votre responsabilité si, après vous être lancés à la poursuite d’une chimère, vous aboutissiez à une réforme inacceptable pour l’Eglise et pour le pays lui-même", poursuit-il. Bingo, l’article 4 est adopté par 482 voix contre 52 ! L’obstacle surmonté, la loi sera adoptée par l’Assemblée le 3 juillet, le Sénat le 6 décembre 1905 et promulguée le 9 décembre de la même année. Alors, méditons ses bienfaits !

                                                                                                                                                                    El Hannachi Ibtissame

                                                                                                           Faculté des langues, lettres et arts/Université Ibn Tofail du Maroc

Références bibliographiques :

-https://www.la-croix.com/Religion/Laicite/etait-Aristide-Briand-2018-01-10-1200904811

Vercors, Moi Aristide Briand, 1993

Gérard Unger, Le ferme conciliateur Paru en septembre 2005