Mali, debout la culture
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Mali, debout la culture

Mali

 

Debout la culture

Après des années d’épreuves, Gandhi s’invite à un Mali qui se cherche. A travers l’âme de la littérature. Pas seulement.

Le Mali est blessé, depuis la prise de Tombouctou dans le Nord, en 2012, par des djihadistes. Comme un feu de paille, entre la naissance d’extrémismes religieux et des velléités politiques séparatistes, le pays jadis connu pour la force de ses valeurs pacifiques, se fragilise de multiples crises. Son tissu social, et politique des royaumes, est sapé. Mais des volontés demeurent debout, qui offrent des espoirs. Parmi celles-ci il y a les acteurs de la culture, socle de toute nation ouverte à ses diversités.

Depuis le début de l’année 2016, les voix vives de la culture enchaînent les actions, les unes plus ouvertes et conciliantes que les autres : le festival du Théâtre des réalités de Actes7, sillonne plusieurs régions avec la bonne parole, le Festival sur le fleuve Niger à Ségou offre début février des scènes musicales éclectiques pour les plaisirs de la diversité et du vivre-ensemble, la 4e édition su Festival International Soninké (Fiso) convoque du 25 au 29 février à Bamako ce que le peuple soninké a de tout temps partagé avec les divers empires du Mali. Pour cette messe soninké, pour la fraternité, le Fiso a regroupé des délégations sont venues de la Mauritanie, du Sénégal, de la Gambie, de  la Côte d’Ivoire, de la Guinée, de l’Angola et de sa diaspora (Amérique, Angola, France, Egypte). Et la liste est longue, jusqu’à la « Rentrée littéraire », qui s’est tenue du 23 au 26 février à Bamako. Des énergies, communautés régionales et linguistiques confondu, donnent à voir et sentir ce qu’est l’honneur d’une nation à défendre.

A la 6e édition de la Rentrée, plus d’une quarante d’écrivains étrangers ont été conviés. Il y avait, entres autres, le Béninois Florent Couao Zotti, les Algériennes Maïssa Bey, Samia Zennadi, Hajar Bali,  la Charline Effah, les Togolais Sami Tchak et Kangni Alem, le Mauritanien Bios Diallo, les Français Thierry Peret, Annie Ferret, Maï-Do, la Guinéenne Marie-Yvonne Curtis ou encore le Congolais In Koli Jean Bofane, Prix  des Cinq continents de la Francophonie 2015. Tous, en signe de solidarité aux côtés des Maliens Ousmane Diarra, Aminata Traoré, Gaoussou Diawara, Intagrist El Ansari, Birama Konaré, Fatoumata Keïta, Safiatou Ba Dicko ont parcouru la capitale, porteurs de paroles d’espoirs.

Universités, écoles publiques et privées, espaces culturels ont été associés à ce qui apparaît comme le défi de la paix d’un Mali renaissant. Le choix de la thématique en témoigne : « Soyons le changement que nous voulons voir dans le monde ». Cette phrase, empruntée au leader indou de la non-violence, Gandhi, était comme un talisman. Les intervenants, à toutes les rencontres, ont loué les efforts du Comité directoire d’une « rentrée » présidée par l’écrivain et éditeur Ibrahima Aya qui incite la jeunesse, et pas seulement, à renouer avec les valeurs de la lecture et du vivre-ensemble sans lesquels toute action de paix serait vaine.

Pour sa part, la ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo a eu une formule mesurée, en écho à la thématique : « Cette édition, dit-elle, s’ouvre avec la volonté d’impulser, à défaut du changement, le goût du changement » ! Elle, Elle, qui s’est rendue sans se lasser à chacune des manifestions, loue la force qui peut être contenue dans tout texte littéraire ou artistique, en poursuivant : « tout ce qui bouscule les interdits et stéréotypes, interroge sur la place de l’homme dans le monde, renouvelle la pensée humaine ».  Bref, ce qui abat les dérives totalitaires et intégristes.    

Pour la noble cause, les artistes n’étaient pas en reste. Après une table-ronde électrique sur « Jeunes entre mobilisation et création », à l’espace La Gare, le Burkinabé Smokey du mouvement « le balai citoyen », l’Algérien Diaz avec leur homologue malien Master Soumi ont donné de la voix devant une jeunesse aspirant au changement.

La 6e édition s’est clôturée, mais la culture doit demeurer debout, pour un état de veille permanent. N’est-ce pas le sens de la consécration de la chanteuse, Rokia Traoré, comme Ambassadrice de bonne volonté par le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) ? Plus qu’un écho à son album “Né So”, “Chez soi” en Bambara, c’est l’œuvre de toute une prière !