Guidimakha, des agropasteurs et la protection des cultures
Des agropasteurs du Guidimakha ont bénéficié d’une formation sur la protection des cultures vivrières, tel que le niébé et le maïs. Ils sont venus de onze différentes communes, dont, Ould Yengé, Gouraye, Melgué et Arr. La formation s’est déroulée du 21 au 25 février, au profit de quinze bénéficiaires, dont treize agropasteurs.
Des agropasteurs du Guidimakha formés sur la protection des cultures
La formation, mise en œuvre par la GIZ, a eu lieu à Sélibabi dans le cadre de la Composante Recherche et Formation du programme Européen RIMRAP, d’appui à la résilience agricole et pastorale. Ce module de formation dénommé Protection de Cultures Vivrières en milieu pluvial est initialement le fruit des besoins en renforcements de capacités exprimés par les agropasteurs eux-mêmes auprès des acteurs du RIMRAP lors de diagnostics effectués au début du programme.
Demba, agriculteur du village de Dafort, a affirmé que cette formation sur la protection des cultures tombe à point nommé au moment où la problématique est plus que d’actualité : « la plupart de nos terres sont infestées soit par des insectes soit par des plantes envahissantes », dit-il. La plupart des participants ont reconnu, sur les supports de formation, des insectes et plantes parasites présentés par les formateurs. « Par exemple, nous on n’a pratiquement pas eu d’insectes sur nos champs de niébé cette année mais ce sont ces jolis bouquets de fleurs colorées sur votre photo-là qui ont empêché la production de niébé », a affirmé l’un des participants ; tout en confiant n’ayant pas encore trouvé une méthode de lutte efficace.
Les formateurs ont alors attiré l’attention sur le fait que ces jolis bouquets (le Striga) se développent parce que les sols sont pauvres ou les cultures mal associées. « Donc vous dépensez du temps et de l’argent pour ces méthodes, mais si on y réfléchit, améliore la fertilité du sol ou si on procède à une bonne association culturale lors du semis, le Striga ne s’installe pas », rassure l’un des spécialistes.
Et cela a été l’essence même de ce module portant sur la protection des cultures vivrières : diagnostiquer. Comme l’a rappelé un des formateurs : « en tant qu’agropasteurs, vous aurez beau avoir toutes les techniques de lutte à disposition, si vous ne savez pas reconnaitre les différents ennemis de culture, leurs cycles biologiques et leurs techniques d’infestation selon les plantes, vous ne choisirez pas la bonne méthode, et ce sera une perte pour vous en tant qu’investisseurs ». Ce module a été l’occasion pour les producteurs ruraux de renforcer leur capacité à identifier les principaux ennemis de culture sur leurs champs et les symptômes. Il s’agit en effet de savoir reconnaitre les signes qui, sur les plantes, confirment la présence d’un ennemi, et être capable par la suite de désigner l’espèce dont il s’agit ; et finalement trouver la stratégie de lutte appropriée.
La formation a confirmé qu’il arrive souvent que des agriculteurs soient face à des signes évidents qui donnent l’alerte d’une attaque grave sur leurs champs, sans qu’on ne sache les identifier à temps. Traoré, dont le champ situé à Gouraye a fait l’objet de cours pratiques, a exposé deux attaques sur ses terres du Dieri (culture associée de niébé et maïs) : une attaque par des vers sur ces plants de maïs et la seconde par des plantes adventices inconnues et apparues, selon lui, pour la première fois cette année, après l’hivernage. Les participants, en groupes, ont à leur tour appliqué les techniques d’évaluation et d’échantillonnage qu’ils ont apprises, et ont conclu que près de 90% des plantes sont infestés.
Cette visite de terrain a permis aux bénéficiaires de pratiquer leurs acquis, dans le village de Gouraye, sur les terres affectées de l’un des participants, et d’y collecter des échantillons de parasites. Cela a été l’occasion d’observer les différents types d’ennemis, d’évaluer la gravité des symptômes et de proposer une méthode de lutte aux agriculteurs.
Grâce à la formation qu’ils ont suivie, les agropasteurs ont pu évaluer rationnellement la gravité des symptômes, les insectes et les plantes ennemis présents, et surtout conseiller des méthodes de lutte aux paysans, avec l’appui des formateurs. Il était intéressant de percevoir que la plupart des participants ont à ce moment mis l’accent sur l’importance des méthodes préventives dès les premiers signes d’alertes. Et, avec les bocaux d’extraction de parasites qu’ils ont ramenés, ils ont poursuivi des études après la visite de terrain.
Cette formation est la première destinée aux agropasteurs. Elle fait partie des dix thématiques clés retenues par la Composante R&F dont vont bénéficier formateurs régionaux relais et agropasteurs des quatre wilayas concernées. Amadou, agriculteur du village de Melgué a affirmé avoir énormément apprécié cette formation : «Surtout qu’au-delà d’être un simple espace d’apprentissage, ça a été un espace d’échanges, dit-il. On nous a donné l’occasion à chaque fois de partager notre propre vécu, tout en profitant de l’expertise des autres agriculteurs ». Les agropasteurs sont donc, désormais, capables de mettre en place des méthodes de lutte appropriées pour des récoltes de qualité. Tout comme ils sont capables de reconnaitre les corps ennemis, de mettre en place des méthodes préventives et curatives appropriées, dans le respect de l'environnement.
Amine Aboudou, le Conseiller technique en Formation professionnelle de la Composante R&F en félicitant les participants pour leur pro-activité et engagement, a confirmé que « les objectifs de la formation ont été atteints. Nous prions que cela soit le cas dans les autres wilayas. En fait j’en suis convaincue d’ailleurs […] si on arrive à organiser les autres formations dans les autres willayas avec la même qualité qu’au Guidimakha, sans aucun couac, nous serons plus que ravis », conclut-il.
Cette formation de la Composante R&F s’est déroulé dans les locaux d’Action Contre la Faim, à Sélibaby, avec l’appui logistique et la coopération du GRDR ; tous les deux membres du Consortium RIMRAP du Guidimakha, qui a appuyé la GIZ dans la mise en œuvre. Une prochaine formation, portant sur la sélection de semences paysannes vivrières en système pluvial, est prévue pour le 6 mars au profit d’agropasteurs du Hodh el Chargui.
Ahmed Radi