Les baobabs laissent leurs cendres à la terre
Hommage à Amady Aly Dieng
L'écrivain et intellectuel sénégalais, Amady Aly Dieng, nous a quitté le mercredi 13 mai. Il laisse un grand vide
Les baobabs laissent leurs cendres à la terre
J'ai appris, avec beaucoup de tristesse ce mercredi 13 mai, la mort de l’écrivain sénégalais Amadou Aly Dieng. Un intellectuel dont la réputation dépassait les frontières sénégalaises ! J'ai connu l'homme alors que je faisais mes débuts en philosophie, au lycée de Sélibaby. Puis il y a eu ces rencontres du 3 au 5 mai 2011 à Dakar : Hommage à Alioune Diop pour le centenaire de sa naissance.
Présence Africaine Editions avait réuni un gotha d'intellectuels pour celui qui avait osé poser l’identité noire au cœur du quartier latin de Paris. Il y avait là Wolé Soyinka, Makily Gassama, Tierno Monénembo, Stanilas Adotevi, Ngalasso, feu le Professeur Assane Seck et bien d'autres. Les assises étaient présidées par le président Abdoulaye Wade.
Après de brèves rencontres à Paris, chez Présence Africaine, c'est surtout à cette occasion que les échanges entre Amady aly Dieng et moi seront vifs. A la fin de mon intervention intitulée Dialogue entre l'Afrique et le Maghreb au prisme d'un regard mauritanien (cf N°181-182 de la revue Présence Afrique), il vient à ma rencontre et me dit : "Mon fils, j'ai connu la Mauritanie il y a longtemps. Elle aurait pu être la terre de confluences, le grand trait d'union entre les 2 entités du continent. Mais rien n'est perdu, continuez à y travailler. L'Afrique pourra se regarder à travers elle." Me reviennent tous les débats lus dans la prestigieuse Revue Ethiopiques, mais également la presse où il n'était pas avare en contributions. Lui l'économiste ne résignait à aucun débat : économie, philosophie, linguistique, et sa plume ne pliait devant aucun spécialiste de... C’est le socle qu’il laisse à une postérité remplie.
Et comme dans un souffle prémonitoire, notre compatriote Abderrahmane Ngaïdé, maître-assistant au Département d’Histoire de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, avait pris le soin de recueillir ses dernières paroles : “Entretien avec Amady Aly Dieng : Lecture critique d’un demi-siècle de paradoxes” (CODESRIA, 2012). Comme toujours, un propos plein de retentissements.
Amady Aly Dieng, qui incarnait une parole sacrée par sa rectitude, chantre des diversités ethniques, religieuses, philosophiques et politiques qu’il savait si justement défendre, laisse d’innombrables orphelins. J'ai ce soir sur la table le dernier ouvrage qu'il m’avait offert : "Les étudiants africains et la littérature négro-africaine d'expression française". Et puisque les baobabs laissent leurs cendres à la terre, je veillerai précieusement sur le legs !
Doyen, que ton âme repose en paix !
Bios Diallo, Mauritanie