Marieme Derwich, Une parole sans ombre
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Marieme Derwich, Une parole sans ombre

 

Avec son Festival International de Poésie Trois-Rivières, au Canada, est une ville au souffle poétique marqué. Félix Leclerc lui a donné, en 1985, le titre de Capitale de la poésie. Recevant les eaux de plusieurs rivières, Trois-Rivières accueille chaque année des centaines de poètes du monde entier. Pendant 10 longues journées dans les parcs, les hôtels, les restaurants, les prisons, les écoles, les églises et jusqu’aux guichets de banques, on entend siffler la poésie : échanges de vers et joutes !

L’édition 2018 du festival accueille la poétesse Marième Derwich. Elle est la 2e voix mauritanienne, après Bios Diallo en 2017. Du 28 septembre au 7 octobre, avec 100 poètes de 30 pays, Marième Derwich vivra intensément cette messe singulière. Un prétexte, pour nous, de parler de cette auteure à la plume trempée.

                                                                                                                                                                                                

De père mauritanien et de mère française, Marième Mint Derwich porte le brassard du métissage. Une arme pour rapprocher les différentes communautés d’un pays qu’elle dit être blessé par des replis identitaires. Et c’est sur ce terrain qu’elle milite pour les valeurs multiculturelles.

Après de nombreuses années passées en France, elle est de retour en Mauritanie, depuis 3 ans. Elle enseigne le français et la communication dans le privé. Se dépense surtout sans compter pour ses idées. Mordue de l’écriture, elle officie depuis plus de 20 ans dans le journalisme. Les amoureux du digitale suivent ses signatures à travers ses « Nous les Z’Autres », chroniques dans l’hebdomadaire Le Calame et sur le site Kassayata.  Et sur la web radio de Kassayata, les auditeurs la retrouvent par moments avec sa voix singulièrement rauque ! Sans oublier une page Facebook très suivie.

Marième sait alterner le ludique et le militant, par son style vif. Rien ne lui échappe : la Mauritanie et ses communautés qui s’observent en chien de faïence, la sexualité (hypocrite de ses compatriotes comme elle dit) ; la femme qui doit être libre de porter le voile ou pas, les filles-mères, la laïcité…

En 2014, elle publie un recueil de poésie : Mille et un Je (Éditions 15/21, Nouakchott 2014). Un simple pas en avant. Car son projet de société elle l’a tout dessiné : « S’il fallait choisir une seule priorité, ce serait que la Mauritanie assume sa multi-culturalité, son rôle dans une Afrique subsaharienne et maghrébine qui a les yeux rivés sur elle. Que ses communautés s’acceptent », dit-elle à qui veut l’entendre. Puis, elle assène sans complexe : « La France est passée par là. Puis la colonisation est terminée, mais les héritages sont là. Elle a donné de la culture et des métisses, comme moi. Je suis le produit de tout cela. Je suis donc “mille et un je” ». Dans ce Je se trouvent toutes les vulnérabilités à défendre, avec audace. Régulièrement attaquée, critiquée, insultée par ses congénères mâles, et femmes qui trouvent sa parole trop libre, Mint Derwich n’en a cure !

Info sur le programme du festival de Trois-Rivières : https://www.fiptr.com/fr/

Bios Diallo